24 Mai Infolettre – n°249 24/05/22
Par Dominique Villemot
POLITIQUE
LES NOMBREUSES PRIORITÉS DU NOUVEAU GOUVERNEMENT
A peine nommé, le gouvernement d’Elizabeth Borne se trouve confronté à un nombre de priorités impressionnant. Il doit tout d’abord bien sûr remporter une majorité aux prochaines élections législatives. Ensuite, ou plutôt en même temps, il doit prendre d’urgence de nouvelles mesures pour défendre le pouvoir d’achat des Français menacé par l’inflation qui se maintient : les prix à la consommation ont progressé de 4,8 % sur un an, ce qui devrait réduire le pouvoir d’achat des Français de 1,5 % au premier trimestre et de 0,5 % au deuxième. « Notre priorité sera la protection des Français contre l’inflation » a indiqué Bruno Le Maire, reconduit à Bercy. Le projet de loi de finances rectificative qui sera présenté avant les élections législatives devrait prévoir le dégel du point d’indice des fonctionnaires, la baisse des cotisations des indépendants, le chèque alimentaire, la revalorisation du minimum de pension de retraites, la suppression de la redevance télévisuelle…
Pour le préparer, Bruno Le Maire sera accompagné de Gabriel Attal, ministre délégué chargé des comptes publics, et bénéficiera du travail de Stanislas Guérini, ministre de la transformation et de la fonction publiques. L’écologie devra inspirer toutes les actions du gouvernement. Ce sera la fonction d’Amélie de Montchalin, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, et d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique. Il faut aussi lancer rapidement la concertation avec les partenaires sociaux sur la difficile réforme des retraites et le passage de l’âge légal minimal à 65 ans. Notons que la première ministre a déclaré dans le JDD « 65 ans ce n’est pas un totem ». La responsabilité en reviendra au nouveau ministre du Travail du Plein emploi et de l’Insertion, Olivier Dussopt, par ailleurs président de Territoires de progrès, le parti macroniste de gauche.
La santé doit aussi mobiliser le gouvernement, la crise sanitaire ayant révélé les failles et le manque de moyens de notre système hospitalier et de notre médecine générale ; Brigitte Bourguignon, ministre de la santé et de la prévention, possède les compétences requises pour cela. Enfin, et surtout, l’école et l’éducation constituent la principale priorité de notre pays. La faiblesse du niveau moyen de notre système éducatif et son caractère inégalitaire, comme cela ressort des études Pisa de l’OCDE, expliquent une grande partie de nos difficultés, comme le chômage structurel trop élevé (même si le chômage a encore baissé durant le premier trimestre).
Pap Ndiaye, historien spécialiste de l’histoire sociale des Etats-Unis, venu de la gauche, ministre de l’éducation et de la jeunesse, devra tout d’abord retisser le lien avec les enseignants et revaloriser leur statut, redonner une place importante aux mathématiques dans les programmes scolaires et renouer avec l’école républicaine. A peine nommé, il a fait l’objet d’attaques de l’extrême-droite (Marine Le Pen et Eric Zemmour), voire de la droite (Eric Ciotti). Elizabeth Borne a dû monter au créneau et le défendre : « l’objectif est l’égalité des chances. On a encore beaucoup de progrès à faire…C’est sa feuille de route et je n’ai pas de doute qu’il va le faire avec compétence, avec énergie, avec détermination » a-t-elle affirmé. Il ne faut pas oublier la réforme de l’Europe. Cela sera le travail de Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, et de Clément Beaune, ministre délégué chargé de l’Europe. Reste la question démocratique. Notre démocratie a besoin d’être revivifiée afin de faire reculer l’abstention et de redonner aux Français confiance en notre démocratie. Ce sera dans le portefeuille d’Olivier Véran, chargé des relations avec le Parlement et de la vie démocratique. On notera que la plupart de ces membres du gouvernement (Elizabeth Borne, Gabriel Attal, Stanislas Guérini, Agnès Pannier-Runachet, Olivier Dussopt, Brigitte Bourguignon, Pap Ndiaye, Clément Beaune, Olivier Véran) viennent de la gauche.
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